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.Je passai la chemise de laine confectionnée avec la laine grossièrement filée par Ceinwyn, puis enfilai une cotte de cuir sur laquelle j’avais épinglé la petite broche en or qui me servait de talisman depuis de longues années.Et sur le cuir, je passai ensuite une cotte de mailles : un luxe que j’avais pris sur un chef du Powys mort à Lugg Vale.C’était une ancienne cotte romaine, forgée avec une habileté que nul homme ne possède plus aujourd’hui, et souvent je me demandais quels autres lanciers avaient porté cette cotte de mailles qui m’arrivait au genou.Le guerrier du Powys était mort avec, le crâne fendu en deux par Hywelbane, mais je subodorais qu’un autre porteur était mort avec car les mailles avaient un accroc à gauche, à hauteur de la poitrine.Le maillon brisé avait été grossièrement réparé avec les mailles d’une chaîne de fer.Je portais mes anneaux de guerrier à la main gauche car, dans la bataille, ils servaient à protéger les doigts, mais je n’en mis aucun à la main droite pour avoir une meilleure prise sur mon épée ou ma lance.Et je fixai enfin des pièces de cuir à mes avant-bras.Mon casque de fer, en forme de coupe, était tout simple : doublé de cuir et rembourré de toile, avec une grosse languette de cuir de pourceau pour protéger ma nuque.Au printemps, j’avais demandé au forgeron de Caer Sws d’ajouter des joues sur les côtés.Le casque était surmonté d’un bouton de fer auquel pendait une queue de loup attrapé au cœur des bois de Benoïc.J’attachai Hywelbane à ma taille, passai le bras gauche dans les lanières de cuir de mon bouclier et soupesai ma lance.Elle était plus grande qu’un homme et sa hampe était aussi épaisse que la taille de Ceinwyn, tandis que sa pointe était faite d’une longue lame en forme de feuille.Elle était aussi tranchante qu’une lame de rasoir, mais arrondie à la base afin qu’elle ne reste pas prisonnière du ventre ou de l’armure de l’ennemi.Je me passai de manteau car la journée était trop chaude.Vêtu de son armure, Cavan vint me voir et mit le genou à terre : « Si je me bats bien, Seigneur, pourrai-je peindre une cinquième branche à mon étoile ?— J’attends de mes hommes qu’ils se battent bien.Pourquoi les récompenserais-je d’avoir fait leur devoir ?— Alors, si je vous rapporte un trophée, Seigneur ? Une hache de chef ? De l’or ?— Rapporte-moi un chef saxon, Cavan, et tu pourras peindre cent pointes à ton étoile.— Cinq suffiront, Seigneur.»La matinée passa lentement.Ceux d’entre nous qui portaient une armure de métal suaient à grosses gouttes tant il faisait chaud.De la rive nord du cours d’eau, où les Saxons étaient masqués par les arbres, on devait croire notre campement assoupi, ou encore peuplé de malades, cloués sur leur couche.Mais cette illusion ne fit pas sortir les Saxons de leur cache.Le soleil continua son ascension.Nos éclaireurs, la cavalerie légère qui n’avait pour tout armement qu’un faisceau de javelines, quittèrent le camp au trot.Ils n’avaient pas leur place dans une bataille entre murs de boucliers, et ils conduisirent leurs chevaux agités au sud, vers la Tamise.Ils pouvaient revenir assez vite même si, en cas de catastrophe, ils avaient ordre de filer à l’ouest et d’annoncer notre défaite dans la lointaine Dumnonie.Les cavaliers d’Arthur endossèrent leur massive armure de cuir et de fer, puis avec des sangles passées au garrot de leurs chevaux, ils accrochèrent les encombrants boucliers de cuir destinés à protéger le poitrail de leurs montures.Caché dans la salle avec ses cavaliers, Arthur portait sa fameuse armure d’écaillés : une cotte romaine constituée de milliers de petites plaques de fer cousues sur un justaucorps de cuir si bien que les écailles se chevauchaient comme des écailles de poisson.Il y avait des plaques d’argent au milieu des plaques de fer si bien que son armure miroitait quand il se déplaçait.Il portait un manteau blanc et Excalibur, dans son fourreau magique et moiré qui protégeait celui qui le portait de tout accident, pendait à sa hanche gauche.Son écuyer, Hygwydd, portait sa longue lance, son casque gris-argent avec son panache de plumes d’oie et son bouclier rond avec son placage d’argent pareil à un miroir.En temps de paix, Arthur aimait à s’habiller modestement, mais en temps de guerre il était resplendissant.Il aimait à croire qu’il devait sa réputation à un gouvernement honnête, mais son armure éblouissante et son bouclier poli prouvaient qu’il savait parfaitement la vraie source de sa renommée.Culhwch avait autrefois fait partie de la cavalerie lourde d’Arthur.Mais dorénavant, il conduisait comme moi une bande de lanciers.À midi, il vint me retrouver dans mon petit coin d’ombre.Il portait un plastron de fer, un justaucorps de cuir et des jambarts romains en bronze couvraient ses mollets nus.« Ce salaud ne vient pas, grogna-t-il.— Demain, peut-être ? »Il renifla d’un air dégoûté et me considéra d’un air grave.« Je sais bien ce que tu vas dire, Derfel, mais je vais te poser quand même ma question, et avant que tu répondes, je voudrais que tu réfléchisses à une chose.Qui est-ce qui s’est battu à tes côtés en Benoïc ? Qui s’est tenu bouclier contre bouclier à tes côtés à Ynys Trebes ? Qui a partagé sa bière avec toi et t’a même laissé t’envoyer cette petite pêcheuse ? Qui te tenait la main à Lugg Vale ? C’était moi.Souviens-t’en en me donnant ta réponse.Dis-moi maintenant quelles provisions as-tu cachées ?— Aucune, fis-je en souriant.— Tu n’es qu’un gros sac de boyaux inutiles de Saxon, voilà ce que tu es.» Puis, se tournant vers Galahad qui se reposait avec mes hommes, il demanda : « Avez-vous eu des vivres, Seigneur Prince ?— J’ai donné ma dernière croûte à Tristan, répondit Galahad.— Un geste de charité chrétienne, j’imagine ? fit Culhwch avec mépris.— J’aime à le croire.— Pas étonnant que je sois païen, renchérit Culhwch.J’ai besoin de bouffer.Peux pas tuer des Saxons le ventre creux.» Il regarda mes hommes d’un air menaçant, mais aucun ne lui offrit quoi que ce soit, car personne n’avait rien à lui offrir.« Alors comme ça tu vas me retirer des mains ce salaud de Mordred ? reprit-il quand il eut renoncé à tout espoir d’avoir un morceau à se mettre sous la dent.— C’est ce que souhaite Arthur.— C’est aussi mon souhait, fit-il d’un ton énergique.Si j’avais des provisions sur moi, Derfel, je te donnerais tout, jusqu’à la dernière miette, en échange de cette faveur.Je te souhaite bien du plaisir avec ce petit morveux.Qu’il te gâche la vie, plutôt que la mienne, mais je te préviens, tu useras ta ceinture sur son cuir pourri.— Sans doute ne serait-il pas très sage, fis-je prudemment, de fouetter mon futur roi.— Sans doute, mais c’est fort agréable.Un affreux petit crapaud.»Il tourna les talons pour jeter un œil à l’extérieur.« Qu’est-ce qu’ils ont, ces Saxons ? Ils ne veulent pas d’une bataille ? »La réponse vint presque aussitôt.Soudain, une corne lança son appel grave et lugubre
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