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.Il continuait de marcher.Cela importait peu, l’expérience lui plaisait, et il se rendait compte de ce qu’elle pouvait avoir de profondément séduisant.Les machines à rêves que de nombreux scientifiques de son époque avaient anticipées – souvent avec inquiétude – appartenaient à présent à la vie quotidienne.Poole se demandait comment l’humanité avait survécu : une grande partie avait péri, lui avait-on dit.Le cerveau brûlé, des millions d’êtres humains avaient préféré mourir.Lui n’éprouvait nullement une telle tentation ! Il comptait bien utiliser cet outil merveilleux pour en apprendre davantage sur le monde du quatrième millénaire, et acquérir en quelques instants des compétences qui, sinon, lui auraient demandé des années d’exercice.Et puis, de temps à autre, il se servirait de cette coiffe pour le simple plaisir…Arrivé en bordure de la forêt, il contemplait maintenant une large rivière.Sans hésitation, il avança dans le courant et n’éprouva aucune crainte lorsque l’eau lui recouvrit la tête.Il y avait quelque chose d’un peu étrange à respirer normalement, mais il trouva plus remarquable encore de voir parfaitement dans un milieu où, sans appareils, l’œil humain ne réussit d’ordinaire pas à accommoder.Il parvenait à compter les moindres écailles sur la truite magnifique qui passait devant lui, apparemment indifférente à cet étrange visiteur.Une sirène ! Il avait toujours rêvé d’en voir une mais, croyait-il, c’étaient des créatures de la mer.Remontaient-elles à l’occasion, les cours d’eau, comme les saumons, pour avoir leurs bébés ? Elle disparut pourtant avant qu’il ait pu l’interroger pour confirmer ou infirmer cette théorie révolutionnaire.La rivière aboutissait à un mur translucide ; il le franchit et se retrouva en plein désert, sous un soleil de plomb.La chaleur était étouffante mais, curieusement, ses yeux supportaient de fixer directement l’astre, alors à son zénith.Près de la bordure, il distingua, avec une clarté tout à fait inhabituelle, un archipel de taches solaires.Et même – c’était impossible ! – la fine couronne, pratiquement invisible sauf en cas d’éclipsé totale, qui se dilatait autour du soleil comme les ailes d’un cygne.Puis tout cela disparut lentement jusqu’à se fondre dans le noir ; la musique obsédante revint, et avec elle la délicieuse fraîcheur de sa pièce habituelle.Il ouvrit les yeux (les avait-il jamais fermés ?) et découvrit un petit groupe de personnes qui guettaient ses réactions.— Merveilleux ! souffla-t-il, d’un ton presque extatique.À certains moments, c’était… plus réel que la réalité !Mais sa curiosité d’ingénieur, toujours en éveil, prit rapidement le dessus.— Même pour cette courte démonstration, il y avait une quantité d’informations énorme.Comment est-elle mémorisée ?— Dans ces tablettes – les mêmes qu’utilisaient vos systèmes audiovisuels, mais dotées d’une capacité infiniment plus grande.Le cerveautech tendit à Poole un petit carré, apparemment en verre, argenté sur l’une des surfaces, à peu près de la taille d’une disquette informatique du temps de sa jeunesse mais deux fois plus épais.Poole l’inclina d’avant en arrière pour voir à l’intérieur, ne réussissant à faire naître que de rares éclairs d’arc-en-ciel.Il tenait entre ses doigts le produit de plus d’un millier d’années de technique électro-optique, ainsi que d’autres techniques inconnues à son époque.Et il n’était pas surprenant que, superficiellement, cet objet ressemblât à ceux qu’il avait connus.Il y a des formes pratiques pour les objets usuels – couteaux, fourchettes, livres, outils, meubles – et pour les mémoires d’ordinateurs.— Quelle est sa capacité ? demanda Poole.De mon temps, avec des dimensions comparables on en était à un téraoctet, mais je suis sûr que vous avez fait mieux.— Pas autant que vous l’imaginez.Il existe une limite, liée à la structure même de la matière.Au fait, qu’est-ce qu’un téraoctet ? Je crois que j’ai oublié.— Vous devriez avoir honte ! Kilo, méga, giga, téra… c’est 10 puissance 12 octets.Il y a ensuite le petaoctet, dix puissance quinze, je ne suis jamais allé plus loin.— C’est à peu près là qu’on commence.C’est suffisant pour enregistrer tout ce qu’un être humain peut expérimenter dans le cours d’une vie.L’idée avait quelque chose de sidérant, mais il n’aurait pas dû en être surpris
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