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.Gawyn fit un pas vers Eliwys puis s’arrêta.Non, il sait ! se dit Kivrin.L’envoyé de l’évêque est lui aussi malade et Gawyn est revenu nous avertir.Elle remarqua qu’il n’avait pas ramené les chevaux.Le moine a contracté la peste, et tous les autres ont fui.Eliwys posa le seau sur la margelle.Gawyn n’eût pas hésité à affronter une centaine de brigands pour la sauver, mais il ne pourrait rien contre cet adversaire.Impatient de rentrer à l’écurie, Gringolet secoua la tête et son maître lui caressa le museau pour l’apaiser.Mais il était trop tard, Eliwys l’avait entendu.Elle lâcha le seau, qui tomba au fond du puits avec un éclaboussement sonore, puis elle se précipita dans les bras du privé de son époux et Kivrin leva la main à sa bouche.On frappa à la porte.Elle sauta du siège pour aller ouvrir.C’était Agnès.— Vous ne voulez pas me raconter une histoire ?Elle était échevelée.Nul n’avait tressé ses cheveux qui dépassaient sur le pourtour de son bonnet de toile.Elle avait dû dormir près de l’âtre car des cendres couvraient une de ses manches.Kivrin résista au désir de l’épousseter.— N’entre pas, dit-elle en tenant la porte à peine entrebâillée.Tu tomberais malade, toi aussi.— Je ne peux pas jouer.Mère est sortie et Rosemonde dort encore.— Ta mère est allée chercher de l’eau.Que fait ta grand-mère ?— Elle prie.Elle tendit la main vers Kivrin, qui recula.— Tu ne dois pas me toucher !Agnès fit la moue.— Pourquoi êtes-vous en colère contre moi ?— Je ne le suis pas, répondit Kivrin avec plus de douceur.Mais tu ne dois pas venir ici.Le clerc est très malade et ceux qui l’approchent risquent…Elle ne pourrait jamais lui faire comprendre le phénomène de la contagion.— Ils peuvent prendre son mal.Agnès se leva sur la pointe des pieds pour regarder derrière elle.— Va-t-il mourir ?— Je le crains.— Et vous ?— Non, dit-elle en prenant conscience que sa peur avait disparu.Rosemonde se réveillera sous peu.Demande-lui de te raconter une histoire.— Et le père Roche, va-t-il mourir ?— Non.Va jouer avec ta charrette en attendant le réveil de ta sœur.— Me direz-vous ce qui est arrivé à la jeune fille entêtée, quand le clerc aura cessé de vivre ?— Oui.Retourne en bas, à présent.Agnès redescendit trois marches, en s’appuyant au mur.— Allons-nous tous mourir ?— Non, affirma Kivrin.Pas si je puis l’empêcher.Elle referma le battant et s’y adossa.Le clerc était coupé du monde extérieur.Il devait combattre un ennemi que son système immunitaire affrontait pour la première fois, un adversaire contre lequel il n’avait aucune défense.On frappa à nouveau.— Descends, Agnès ! ordonna-t-elle.Mais c’était Roche qui apportait du bouillon et un seau de braises incandescentes.Il les fit tomber dans le brasero puis s’agenouilla pour les attiser avec son souffle.Il avait remis le bol à Kivrin.Le breuvage était tiède et avait une odeur épouvantable.Elle se demanda quel fébrifuge il contenait.Le prêtre se releva et ils essayèrent d’alimenter le clerc à la cuiller, mais le liquide ruisselait sur son énorme langue et son menton.De nouveaux coups à la porte.— Agnès, je t’ai interdit de venir ici, lança Kivrin avec irritation.— Grand-mère m’a envoyée vous dire de descendre.— Dame Imeyne serait-elle malade ? s’enquit Roche.— Non, c’est Rosemonde.Kivrin sentit son cœur s’emballer.Le prêtre alla ouvrir la porte mais la fillette n’entra pas.Elle resta sur le palier, les yeux levés sur son masque.— Que lui est-il arrivé ?— Elle est tombée.Kivrin passa entre eux et dévala les marches.Rosemonde était assise sur un banc à côté du feu.Sa grand-mère priait à son côté.— Que s’est-il passé ?— Je me suis effondrée.J’ai mal au bras.Elle montra son coude.Dame Imeyne marmonna des propos incompréhensibles.— Quoi ? fit Kivrin.Puis elle comprit que la vieille femme priait.Elle chercha Eliwys du regard mais ne vit que Maisry, tapie craintivement à côté de la table.Rosemonde a dû trébucher sur sa servante, se dit-elle.— Avez-vous rencontré un obstacle ?— Non.J’ai mal à la tête.— Suite à ce choc ?— Non
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