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.Je regrette de ne pas être assez savant pour pouvoir en dire davantage.— Qui est-ce, monseigneur, qui parle comme un médecin ? demanda Fenollet.Votre page ?— Non, Votre Excellence.C’est le page de Sa Majesté le roi, Yusuf ibn Hasan.— Le jeune Hasan… des rumeurs prétendaient que tu étais mort.Il examina soigneusement le garçon pendant quelques instants.— Je suis ravi de constater qu’elles n’étaient pas fondées.Tu es le miroir de ton noble et valeureux père, ajouta l’archevêque avec la grâce d’un courtisan.Mais les nouvelles concernant Don Ramón sont plutôt inquiétantes.— C’est vrai, reconnut Boyll.Ce garçon a d’autres nouvelles inquiétantes concernant la Sardaigne, si Votre Excellence veut bien les entendre.L’archevêque acquiesça.— Bien des hommes de haut rang sont malades, mais les forces de Sa Majesté ont été affaiblies par d’autres qui s’enfuient de l’île, expliqua Yusuf, ou s’y essayent.— Pourquoi ?— Certains prétendent que nous n’avons pas les moyens de mener un siège prolongé et que, par conséquent, cette guerre est inutile.D’autres disent qu’ils n’ont pas échappé à la peste pour mourir des fièvres.D’autres encore qu’il n’y a rien à attendre d’une éventuelle prise de la ville.D’autres enfin que Sa Majesté est trop faible pour gouverner et que le royaume se porterait mieux en de tierces mains.— Trahison, dit doucement l’archevêque.De la part de tous, mais surtout des derniers.— Je ne ferais pas décapiter un homme pour avoir bougonné à propos de l’ennui que suscitent les sièges ou même de la mort par les fièvres, dit Boyll.Pas s’il est désireux de suivre Sa Majesté au combat.— C’est vrai, ce n’est pas un péché capital que de ronchonner, mais ils devraient garder pour eux leurs doléances, dit Fenollet.Qu’as-tu à ajouter ?— Seulement que Sa Majesté croit que quelqu’un répand le mécontentement, Votre Excellence.Le matin, les gentilshommes d’une section du camp se contentent de passer le temps, mais à dîner ils ne parlent que de partir pour regagner leurs foyers.J’ai entendu quelqu’un suggérer – sur le ton de la plaisanterie – qu’ils devraient feindre la maladie parce qu’il savait par ouï-dire que les malades pourraient, s’ils le désiraient, rentrer chez eux.Sur la galée, certains feignaient d’être malades, effectivement.— C’est vrai, Votre Excellence, reprit Boyll.Je serais tenté de les faire surveiller, mais je pense qu’on les trouverait menant une vie paisible auprès de leur épouse, au sein de leur famille, ayant brusquement décidé que la guerre ne les enchante plus.— Qui pourrait avoir provoqué un tel mécontentement ?— Sa Majesté soupçonnait Don Manuel de…— Dans ce cas, le problème est résolu, trancha l’archevêque.Don Manuel est mort empoisonné la nuit précédant votre départ.De ses propres mains, peut-être.C’était dans les dépêches reçues hier.— Don Gueralt de Robau m’a confié à bord qu’il avait découvert la tromperie de son ami, dit Yusuf.Il paraissait bouleversé.En revanche, il ignorait sa mort.— Son corps n’a été découvert qu’après le départ de la galée, précisa le secrétaire.Un vaisseau plus rapide que le vôtre nous a apporté la nouvelle.— Nous aurons besoin d’un rapport sur cette conversation, dit Fenollet.Mais pour l’heure…Une quinte de toux prolongée l’empêcha de poursuivre.Son serviteur entra, et chacun se leva.— Son Excellence va se reposer, dit le secrétaire.Est-ce la traversée du jeune Hasan vers Barcelone qu’il me faut organiser ?— Oui, mon père, dit Boyll.Ce garçon doit retrouver Gérone et Berenguer de Cruilles le plus rapidement possible.— Ce sera fait.CHAPITRE XVIIOliver passa une semaine marquée par la monotonie et la frustration avant de revoir Berenguer le lundi suivant, les mains vides.Il avait rendu visite à chaque notaire de Gérone et attendu qu’il fouille dans ses archives pour dénicher un contrat de mariage établi durant les dix années précédant la naissance de Clara entre une femme dont le prénom commençait par « S » et un homme du nom de Pasqual, Robert ou Gil.Il trouva bien un Robert marié à une certaine Sibilla, ainsi qu’un Pasqual uni à une demoiselle Salvadora.Pasqual était un excellent ébéniste, qui avait passé toute sa vie dans cette ville et récemment travaillé pour le notaire.Robert et son épouse étaient tous les deux morts de la peste.Il était temps qu’il prenne congé de l’évêque.— Il est possible, Votre Excellence, que Pasqual se soit marié ou fiancé avant d’avoir quatorze ans.Ou qu’ils se soient unis après la naissance de Clara.Mais je pense que c’est improbable.— Ce sont des choses qui arrivent, fit remarquer Berenguer, plus fréquemment qu’on ne le croit.— Je vais chercher à Barcelone.Si je n’y trouve rien, Votre Excellence me reverra très vite.— Je me trouverai alors dans une situation délicate, car je prendrai plaisir à votre échec, dit Berenguer en riant.Je ne sais si je dois vous souhaiter de réussir ou pas.Le mardi matin, Oliver engagea quatre jeunes greffiers provisoirement sans emploi pour qu’ils posent les mêmes questions aux notaires de Barcelone.Il s’attaquerait personnellement au problème Clara.La maison de ses anciens employeurs se trouvait dans une rue paisible, non loin des limites de la ville.Elle n’avait rien d’un palais, mais était tout de même assez spacieuse ; une famille prospère, songea Oliver.La rue était déserte, à l’exception de quatre gamins qui jouaient à lancer des pierres à l’intérieur d’un cercle tracé dans la poussière.— Qui habite cette maison ? leur demanda Oliver en examinant la façade massive et terne.— Laquelle, señor ? répondit l’un des enfants.Oliver la montra du doigt.— La señora Vicent, dit le gosse.C’est une vraie sorcière.Elle est tout le temps en train de nous crier dessus et elle nous fait chasser par son serviteur.Mais on aime bien sa cuisinière.— Je cherche Clara.On m’a dit que je la trouverais là.— Partie, dit un autre enfant.La señora l’a vendue.C’est ce que tout le monde raconte.Tenez, demandez-le-lui, ajouta-t-il en ricanant.La voilà.Il montra une robuste femme qui se hâtait dans la rue, suivie d’une servante portant un panier.— Elle n’a pas l’air commode, dit Oliver en adressant un clin d’œil aux gamins [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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