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.Matthew accepta de bonne grâce.On appela le majordome pour lui demander d’aller chercher une des meilleures bouteilles, qu’il apporta entourée d’une serviette.— Voilà ! s’enthousiasma Corcoran.Je vais l’ouvrir moi-même ! Pour m’assurer qu’il est parfait.Merci, Truscott.— Bien, monsieur.Le majordome lui tendit la bouteille avec résignation.— Vraiment… protesta Orla, tout en sachant que ça ne servait à rien.Elle s’excusa auprès de Matthew :— Désolée, dit-elle.Il en est assez fier.Matthew sourit.C’était de toute évidence un rituel auquel tenait Corcoran, et Matthew fut heureux d’y participer, tandis que son hôte les menait à la cuisine, chauffait les pincettes sur le fourneau, avant de les utiliser pour saisir la bouteille, en les refermant sur le goulot.Truscott lui tendit une plume d’oie et présenta un bac de glaçons.Corcoran passa la plume dans la glace, puis avec soin autour du goulot.— Voilà ! lança-t-il, triomphant, comme la glace traçait un cercle bien net, en découpant parfaitement le bouchon.Vous voyez ?— Bravo ! dit Matthew en riant.Corcoran souriait à belles dents, le visage illuminé par son succès.— Tenez, Truscott ! Maintenant, vous pouvez le décanter, puis nous l’apporter à la salle à manger.Mme Corcoran prendra un madère.Venez…Et il ramena son petit monde dans la pièce rose et or.Il était tard, le dimanche après-midi, quand Matthew se rendit à Haslingfield en voiture.Ivor Chetwin ne vivait pas sur un grand pied comme les Corcoran, quoique dans un agréable manoir géorgien, situé à moins de deux kilomètres du village.Une domestique accueillit Matthew, mais Chetwin en personne apparut presque aussitôt, un chiot épagneul enthousiaste à ses talons.— Je vous aurais reconnu, dit Chetwin sans hésiter, en tendant la main à Matthew.Sa voix, d’une gravité peu commune, gardait encore la musicalité de son pays de Galles natal.— Vous avez les mêmes yeux que votre père.Matthew sentit sa loyauté se renforcer tandis qu’on ravivait ses souvenirs.— Merci d’avoir accepté de me recevoir dans un délai aussi bref, monsieur, répondit-il.Je suis juste venu pour la fin de semaine.Je passe le plus clair de mon temps à Londres, désormais.— Moi-même, j’ai bien peur de ne venir ici que certains week-ends en ce moment, regretta Chetwin.Puis, suivant le chiot, il l’entraîna dans un salon tout simple qui s’ouvrait sur un jardin de pavés et de gravier, largement ombragé par les arbres qui le surplombaient.Buissons et arbustes se dressaient sur les côtés, tandis que des massifs de basses aux feuilles gris argent poussaient entre les dalles.Le plus extraordinaire, c’est que chaque fleur était blanche.Chetwin remarqua la fascination de Matthew.— Mon jardin blanc, expliqua-t-il.Je le trouve fort reposant.Asseyez-vous.Oh, déplacez donc le chat.Il désigna un félin noir installé au milieu du second fauteuil et semblant très peu enclin à se mouvoir.Matthew le caressa doucement et le sentit, plus qu’il ne l’entendit, se mettre à ronronner.Il le souleva et, une fois assis, le prit sur les genoux.Le chat se réinstalla et se rendormit.— Mon père avait l’intention de venir vous voir, dit Matthew d’une voix douce, comme si c’était la vérité.Je n’ai jamais eu la chance de pouvoir lui demander s’il l’avait réellement fait.Il observa le visage de son interlocuteur.Chetwin avait les yeux sombres, une solide mâchoire arrondie, des cheveux noirs grisonnants et clairsemés sur son front haut.On ne pouvait rien y deviner.C’était un visage qui pouvait cacher exactement ce que son possesseur souhaitait.Aucune naïveté décelable chez Ivor Chetwin.Il ne manquait ni d’imagination, ni de subtilité.Matthew était à peine là depuis quelques minutes qu’il sentait déjà la force intérieure de son hôte.— Je suis désolé qu’il ne soit pas venu, répondit Chetwin, de la tristesse dans la voix.S’il jouait la comédie, c’était un virtuose.Mais Matthew avait connu des hommes qui trahissaient leurs amis, leur famille et qui, même s’ils le regrettaient amèrement, jugeaient leurs actes indispensables.— Il ne vous a pas contacté du tout ? insista-t-il.Matthew n’aurait pas dû être déçu, et pourtant il l’était.Il avait espéré que Chetwin aurait eu une idée, un fil conducteur, aussi mince fût-il, qui l’aurait mené quelque part.Il comprenait à présent que c’était insensé.John Reavley serait venu voir Matthew en premier, avant d’accorder sa confiance à quelqu’un d’autre, même à un individu beaucoup plus expérimenté comme Chetwin.— Je l’aurais souhaité, répondit ce dernier.Je serais volontiers passé chez lui, mais je doute qu’il ait voulu me voir.Une ombre lugubre voila son regard.— C’est l’un des regrets les plus profonds entraînés par la mort ; les choses que vous pensez accomplir et que vous différez, et puis, tout à coup, c’est trop tard.— Oui, je sais, admit Matthew avec plus d’émotion qu’il ne l’aurait souhaité.Il eut l’impression de déposer un couteau la lame tournée vers lui et le manche à disposition d’un ennemi éventuel.D’ailleurs, même s’il l’avait moins laissé paraître, Chetwin l’aurait senti sur ses gardes.— Chaque jour, je pense à ce que j’aurais aimé lui dire.Je suppose que c’est la véritable raison de ma visite.Vous l’avez connu à une époque où j’étais si jeune que je ne voyais en lui que mon père et non une personne menant sa vie en dehors de St.Giles.— L’aveuglement naturel de la jeunesse, commenta Chetwin.Mais vous auriez apprécié la plupart des propos entendus à son sujet.Il sourit, son visage s’adoucissant un peu.— Il se montrait parfois têtu ; il était doté d’une arrogance intellectuelle dont il n’avait même pas conscience.Elle émanait d’une intelligence spontanée, et il possédait cependant une patience inlassable envers ceux qu’il percevait comme assurément limités.Il traitait les personnes âgées, les pauvres, les gens peu éduqués avec dignité.À ses yeux, le plus grand péché n’était autre que la méchanceté.Chetwin parut se plonger davantage dans ses souvenirs, en reconsidérant le passé avant que sa dispute avec John Reavley n’y ait ôté tout plaisir.Matthew prit le risque d’aller plus avant.— Je me souviens qu’il était dépourvu de toute duplicité.C’était le cas ou simplement ce que je voulais bien croire ?Chetwin eut un petit rire acerbe.— Oh, c’était vrai ! Il ne pouvait dire un mensonge pour sauver la face et n’était pas prêt à changer son attitude pour plaire à qui que ce soit, ou à le tromper, même pour parvenir à ses fins.Son visage se rembrunit, mais ses yeux sombres demeuraient énigmatiques.— C’était tout à la fois sa faiblesse et sa force.Incapable de fourberie, et c’est l’arme principale d’un politicien.Matthew hésita, en se demandant s’il devait reconnaître qu’il œuvrait dans les services secrets et savait que Chetwin en faisait aussi partie.Cela ferait du temps, le rapprocherait de la vérité.À moins qu’il ne dût conserver le peu de munitions qu’il avait encore ? Qu’en était-il des fidélités de Chetwin ? Il semblait plutôt aimable et ses liens avec le passé étaient solides.Mais peut-être était-ce précisément ce qui avait coûté la vie à John Reavley.— Il était très inquiet à propos de la situation actuelle dans les Balkans, dit Matthew.Même s’il est mort le jour de l’assassinat de l’archiduc et n’en a donc pas entendu parler [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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