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.Un mois de permission après seize ou dix-sept mois dans l’espace, ce n’était pas assez pour une femme et des enfants.Il s’était toujours contenté des brèves aventures.Il sentit les Fils tambouriner sur son chapeau de coolie, et grimaça involontairement, mais ils glissèrent sur le plastique et tombèrent en sifflant dans l’eau, inoffensifs.Il déplaça ses jambes hors du chemin des Fils qui continuaient à s’enfoncer dans la mer, jusqu’à ce que Dart, un autre dauphin ou les bancs de poissons toujours attirés par cette manne les avalent.La faim les rendait intrépides, et, de temps en temps, Jim sentait des écailles frôler sa peau nue.La première fois, il sursauta, arrachant un éclat de rire à Théo, parfaitement habituée à ces contacts.En conséquence, il se sentit autant protégé par la mer que par leurs ingénieuses coiffures.Et par les lézards de feu.Suivant les instructions de Théo, il regarda à travers le plastique semi-transparent du chapeau, et vit les premiers lézards de feu cracher les flammes autour d’eux, déviant les Fils du pont du Croix du Sud.Comme le pont était en bois de teck, importé grâce à l’excédent de bagages auquel il avait droit en sa qualité de capitaine du Buenos Aires, il fut particulièrement content de le voir protégé des brûlures des Fils.Puis, presque trop vite à son goût, les sauts, couinements et soufflements extatiques des dauphins lui apprirent que le danger était passé.— On va faire une rapide tournée d’inspection, dit Théo, tendant la main vers la nageoire remorqueuse de Dart.Péri, dit-elle au dolphineur le plus proche, pars vers tribord, je vais sur bâbord.— Préviens-moi s’il y a des blessés ou des avaries, lui cria Jim.Satisfait d’avoir si bien résisté à cette menace récurrente, Jim remonta à bord, posa son chapeau de coolie à portée de la main, se sécha, et fit hisser la voile.— L’ennemi a été combattu et… consommé, marmonna-t-il, souriant à part lui de sa paraphrase, détachant la barre fixée de sorte à les éloigner en diagonale du chemin de la Chute.Curieusement, il se sentait mieux grâce à cette courte alerte – et grâce à la compagnie de Théo.Elle était du genre… facile à vivre.Il sourit de nouveau.Ce n’était pas un compliment que les femmes devaient apprécier beaucoup.La seconde alerte fut plus sérieuse : une brèche soudaine sous la ligne de flottaison faillit faire sombrer un ketch de six mètres, que les dauphins portèrent pratiquement sur leur dos jusqu’au rivage.Comme toute sa cargaison consistait en matériel irremplaçable codé orange, son sauvetage opportun fut une double bénédiction.Ils jetèrent l’ancre de bonne heure ce jour-là, pour colmater la brèche et évaluer les dommages subis par les voiles et les filins pendant la Chute.Aucun humain n’avait été blessé, et même ceux qui doutaient auparavant de l’efficacité des coolies étaient maintenant parfaitement convaincus.L’équipage du ketch travailla toute la nuit avec les experts en plastiques, mais la flottille n’appareilla pas avant midi le lendemain.Une bonne brise leur permit de rattraper le temps perdu et calma l’impatience de Jim.La compagnie de Théo lui manquait dans le cockpit, mais c’était la première fois qu’elle n’était pas de quart depuis le départ, et elle dormait.Dommage, elle manquait la meilleure partie de cette belle journée.Rien, mais alors rien, sur aucun monde, ne pouvait être plus satisfaisant que naviguer sur un bon bateau, par bonne brise, dans des eaux côtières d’un bleu étincelant.Il se demanda si Théo pensait comme lui.La tempête tropicale, se levant à l’approche de Boca, les poussa vers Sadrid.Alors qu’ils naviguaient vers l’ouest dans des eaux tranquilles, l’instinct nautique de Jim l’avertissait d’un changement de temps depuis l’aube.Un pêcheur de Sadrid lui avait rappelé encore la veille la fréquence des grains sur cette partie de la côte.Il surveillait aussi ces petits signes avant-coureurs que connaissent bien les marins : une grisaille à l’horizon, qui n’était pas celle des Fils, une chute brutale du baromètre, un changement dans la couleur de l’eau, une certaine moiteur de l’air ambiant.Puis il remarqua que l’eau passait du bleu-vert au gris, et que la houle se modifiait.Il se tourna vers Théo, revenue dans le cockpit.— Théo, je crois…La tempête se leva avec une rapidité et une férocité rarement vues dans d’autres mers.Resserrant ses mains sur la barre, il vit un maillot noir et des jambes nues plonger dans les eaux soudain agitées.Il n’eut pas le temps de tourner l’étrave face à l’énorme lame qui déferlait sur eux, mais il évita de prendre l’énorme masse d’eau par le travers.L’équipage se rua pour carguer les voiles, malgré les vagues qui menaçaient de les balayer, et seule la lisse empêcha certains d’entre eux de passer par-dessus bord.Le jeune Steve Duff, qui s’efforçait d’attacher le bout-dehors, faillit être frappé par la foudre qui tomba sur le mât, le fendant en deux jusqu’aux deux tiers, cassant les étais du grand mât qui fouettèrent l’air autour d’eux jusqu’au moment où ils passèrent par-dessus la rambarde.Piquant du nez dans un creux laissé par une lame, Jim parvint de justesse à rester face aux vagues.Terrorisé, il pensa aux petites embarcations beaucoup plus vulnérables –jusqu’à ce que le souci de sa vie et de celles de son équipage bannisse de sa pensée toute idée autre que leur survie.De temps en temps, pendant ce grain bref mais dévastateur, il aperçut des dauphins, tournoyant au-dessus des eaux déchaînées, à la recherche de naufragés
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